Médecine d'ailleurs

Bonjour à tous,

Je viens de voir un documentaire très intéressant sur la médecine traditionnelle birmane.

Je me permet de mettre le lien ici car à mon sens, cette médecine est très proche de ce qu'a été l'alchimie au moyen-âge. D'ailleurs, ce lien a été vu par le documentariste qui évoque Paracelse.

Bon visionnage,
LeMat

http://www.arte.tv/guide/fr/053966-002-A/medecines-d-ailleurs

Voici le lien direct permettant de revoir ce reportage :

http://www.tv-replay.fr/redirection/02-03-16/medecines-d-ailleurs-arte-11454153.html

Peu de références aux weizzas/weikzas. Dommage car ce sont eux qui maîtrisent l'alchimie au Myanmar et leurs pratiques, issues des pratiques du rasa shastra indien, sont intéressantes car un peu moins fouillis que les pratiques indiennes.

Merci Phylsos pour ces précisions.

Sympa la video,

Heu...c'est une barbe de l’éternel que trafique le moine avec du mercure ?

Bien vu Amalesgath !

Il s'agit bien de barbe de l'éternel, c'est à dire d'un amalgame spontané de mercure et d'aluminium.
Cela nous permet d'ailleurs de déterminer le type de pierre qu'il a dans la main : un minerai contenant de l'aluminium.

C'est vraiment surprenant de trouver ces pratiques alchimiques dans une médecine traditionnelle.
Philysos, existe t-il des informations accessible sur les weizzas/weikzas et leurs pratiques alchimiques ?
Dans le reportage le médecin birman semble en parler comme des êtres réalisés ?

Bonjour Amalesgath

Amalesgath a écrit:C'est vraiment surprenant de trouver ces pratiques alchimiques dans une médecine traditionnelle.

En fait la barbe de l’éternel n’est pas vraiment une pratique alchimique. Son utilisation dans la voie du cinabre vient d’une problématique que les suiveurs de Roger Caro ont remarquée. Lorsqu’on essaie de « distiller » un minerai de cinabre réduit en poudre en lui ajoutant de la potasse, même concentrée, la réaction exothermique est insuffisante pour permettre au mercure et au soufre de distiller. Cela mettait en doute les propos de Caro mais les personnes ont préféré croire qu’il manquait quelque chose dans les informations données par le maître. On a alors cherché des images dans les différents textes de Caro et l’une d’elles a été utilisée pour justifier de l’emploi d’aluminium dans la réaction de distillation : la barbe de l’éternel. Il ne s’agit en fait que d’un amalgame de mercure et d’aluminium qui était ensuite ajouté au cinabre en poudre. Et lors de l’ajout de potasse, la réaction exothermique était suffisamment violente pour distiller. Cela fonctionne encore mieux si on ajoute du fer en poudre. Mais cela remet en cause la « pureté » de la voie du cinabre car on ajoute du fer ou de l’aluminium…
Par contre, l’utilisation du mercure, de ses composés ou de ses amalgames fait partie de la pharmacopée de beaucoup de cultures. En particulier la spagyrie métallique/alchimie indienne (rasa shastra) qui fait partie de l’ayurveda et qui a été diffusée au Tibet, en Birmanie et dans la majorité des pays orientaux.

Amalesgath a écrit:Philysos, existe t-il des informations accessible sur les weizzas/weikzas et leurs pratiques alchimiques ?

Il en existe peu. Je peux conseiller un ouvrage en français : « Les Immortels : Visages de l'incroyable en Birmanie bouddhiste » de Guillaume Rozenberg. Son autre livre, « Renoncement et puissance : La quête de la sainteté dans la Birmanie contemporaine » m’a moins intéressé. En anglais, tu as « Champions of Buddhism: Weikza Cults in Contemporary Burma » qui est un ensemble d’articles qui valent le coup d’être lus. Tu as aussi le numéro 16.2 du « Journal of Burma Studies » qui est aussi intéressant sur le sujet. Mais clairement, les pratiques alchimiques n’étant pas comprises par les universitaires qui étudient le phénomène (ce sont plutôt des anthropologues ou des spécialistes du bouddhisme), il faut bien connaître les pratiques alchimiques classiques pour savoir interpréter ce qu’ils décrivent.

Amalesgath a écrit:Dans le reportage le médecin birman semble en parler comme des êtres réalisés ?

Oui, le raccourci est un peu trop rapide. En fait on peut déjà faire une distinction entre ceux qui sont sur la voie des weikzas (weikza lan) et ceux qui sont des weikzas. C’est la même distinction que l’on peut trouver en Occident entre les alchimistes et les Adeptes. Ensuite, un weikza n’est pas réalisé, il vise à atteindre une immortalité lui permettant d’être présent lorsque le futur Bouddha se manifestera. L’idée est que le cycle des renaissances fait perdre des connaissances et donc ralentit la progression sur le chemin de la réalisation car il y a toujours le risque d’accumuler un karma négatif, d’épuiser son karma positif, de ne plus avoir l’opportunité de suivre l’enseignement d’un maître etc. Le fait d’être immortel permet de conserver les connaissances, les pratiques etc. Et donc d’être plus à même de reconnaître et réaliser l’enseignement du futur Bouddha. Les weikzas considèrent qu’ils ne peuvent atteindre la réalisation qu’en présence d’un Bouddha vivant.

Alors là, merci beaucoup Philysos !

Le documentaire n'est plus disponible en libre accès, mais il est toujours possible de le télécharger en VOD ou de se faire envoyer le DVD pour quelques euros sur le site d'Arte.

J'ai trouvé ce texte sur l'Alchimie Birmane extrêmement intéressant :

http://www.alchemywebsite.com/Burmese_alchemy_Aung.html

Merci pour ce partage intéressant notamment par les parallèles que l'on peut trouver avec la pratique en Europe. Reste plus qu'à trouver le fruit jeune fille

amalesgath une jeune fille?
Merci pour le partage, intéressant! Je ne doute pas que l'histoire de l'alchimie birmane ressemble en gros à l'histoire de l'alchimie ailleurs. Cet article terre à terre rend compte de ces phénomènes communs de la condition humaine, sociale, etc qui ont énormément conditionné l'alchimie, les formes qu'elle a pris, et les alchimistes partout jusqu'à nos jours. J'aime par exemple apprendre qu'ils ont excogité 12 composés (mâles-minéraux) face à 9 simples (femelles-métaux)!

Reste plus qu'à trouver le fruit jeune fille

Ma quête alchimique a pris fin car je vais derechef me rendre sur les contrefort de l’Himalaya à leur recherche.Qui a encore besoin de la pierre philosophale quand il peut jouir de ces fruits défendus !

Arale-senpaï a écrit:Je ne doute pas que l'histoire de l'alchimie birmane ressemble en gros à l'histoire de l'alchimie ailleurs.

Exactement, par exemple la Birmanie est à la fois un pays avec une véritable tradition alchimique et qui regorge de métaux. La classification minéraux/mâle métaux/femelle et la distinction du fer et du mercure des autres métaux est intéressante.