Réflexion sur le symbole du pélican

Bonsoir à tous.

Je vous livre le fruit d'une longue réflexion sur le symbole du pélican.
L’interprétation alchimique de cet animal emplumé m'a en effet donné beaucoup plus de fil à retordre que ses triviaux cousins, que sont le corbeau, le paon, le cygne et le phénix.





Il s'agit ici d'une interprétation personnelle que je soumets à la contradiction.


Donc pour moi le pélican, oiseau d'hermès, est le symbole du Mercure, à la fois dans l'oeuvre au blanc et l'oeuvre au rouge. Je pense également que les oisillons, représentés parfois par trois, pourraient symboliser les trois principes.

Bonjour Amalesgath,

Comme je suis très nul en langage philosophique "qui va bien", je me permet de mettre un extrait du poème La nuit de Mai, d'Alfred de Musset

Alfred de Musset a écrit:Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage, 
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux, 
Ses petits affamés courent sur le rivage 
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux. 
Déjà, croyant saisir et partager leur proie, 
Ils courent à leur père avec des cris de joie 
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux. 
Lui, gagnant à pas lents une roche élevée, 
De son aile pendante abritant sa couvée, 
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux. 
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ; 
En vain il a des mers fouillé la profondeur ; 
L'Océan était vide et la plage déserte ; 
Pour toute nourriture il apporte son coeur. 
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre 
Partageant à ses fils ses entrailles de père, 
Dans son amour sublime il berce sa douleur, 
Et, regardant couler sa sanglante mamelle, 
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle, 
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice, 
Fatigué de mourir dans un trop long supplice, 
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ; 
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent, 
Et, se frappant le coeur avec un cri sauvage, 
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu, 
Que les oiseaux des mers désertent le rivage, 
Et que le voyageur attardé sur la plage, 
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu. 
Poète, c'est ainsi que font les grands poètes. 
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps ; 

Oui, c'est bien cette idée de nourrir ses enfants de son propre sang, qui est importante. Je pense que ce symbole est très parlant pour l'Oeuvre.

Sur la deuxième image que j'ai posté on peut voir le dragon/serpent à trois têtes s'auto-dévorer de son propre sang...

Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux. 
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ; 
En vain il a des mers fouillé la profondeur ; 
L'Océan était vide et la plage déserte ; 
Pour toute nourriture il apporte son coeur.

le problême est qu'il n'y a pas eu de réponse sur l'origine de ce "sang" .....que certains pensent être de la "matière" ...erreur (pour ma part) ...

Glané sur le net.
J'aurais aimé le lire avant...

Si je comprends bien, tu veux dire que le cygne et le pélican sont deux symboles identiques qui représentent tout les deux la même phase du Grand Oeuvre ?

Eh bien, pas vraiment. Les deux oiseaux sont blancs, et donc, on peut dire que les deux symboles évoquent l'un comme l'autre les lourdes vapeurs blanchâtres qui s'extirpent du contenu du vase, mais là s'arrête la signification du cygne, si ce n'est que cet oiseau est l'indice, le "signe" de quelque chose.

Le pélican va plus loin.Trimosin nous montre un pélican dont le col est traversé d'un flèche. Il s'agit là d'une allusion nette à la fixation, laquelle doit suivre l'évasion des vapeurs blanchâtres

Et que produit une blessure par flèche ? Du sang rouge, bien sûr, lequel coagule peu après.

Donc, là où le cygne évoque une étape du cheminement dans une procédure détaillée, le pélican représente en une seule image tout un processus, évoquant en une seule image plusieurs éléments.

On retrouve une similitude dans l'imagerie moyen-âgeuse qui montre un pélican s'ouvrant le flanc (l'écoulement rouge issu du plumage blanchâtre) pour, dit la légende, nourrir ses petits (recommencer le cycle de la Vie, en multipliant).

Pour moi, l'image du pélican qui se déchire la poitrine pour nourrir ses petits me fait penser qu'il faut savoir faire certaines productions afin de continuer dans le processus de l'oeuvre.

Intéressant.
Est-ce que tu pourrais préciser ton point de vue ?
Ces productions ont-elles une même origine pour toi ?

Je pars de l'hypothèse (mais je peux me tromper) que le pélican symbolise notre athanor d'où sont issues nos diverses productions.

Bonjour Le compte de Saint-Germain,

Vous parlez de certaines pratiques internes j'ai l'impression?

Georges a écrit:
Vous parlez de certaines pratiques internes j'ai l'impression?

Bonjour Georges.

Votre impression est fausse.

Je ne connais rien des pratiques internes.
Je faisais allusion à des processus opératifs de laboratoires alchimiques (donc externes).

Merci pour votre précision, j'avais entendu le même argument au sujet de choses très différentes, d'où mon interrogation.

Bonne soirée!

Je reviens sur votre phrase.

Selon vous et si je comprends bien vos paroles, le Pelican serait l'Athanor vu en tant que four extérieur. Une autre facon de voir l'Athanor est de le voir en tant que matière qui possède sa propre chaleur, et donc peut cuire, de laquelle nous devons tirer nos productions.

George, comment ne pas se douter que le Comte ne sache ce qu'il a entendu dire?  Athanor, triple vaisseau, triple feu, une parmi de nombreuses manières de parler. 
Le Comte doit savoir interpréter et choisir le langage le plus propre ou même le plus agréable pour signifier ce qu'il entend représenter, et c'est notre responsabilité de ne pas imaginer autre chose que la meilleure interprétation de ce qu'il dit. C'est vrai pour toute la communauté alchimique qui se fonde sur l'esprit et la dimension rationnelle et philosophique de la parole. 
Autrement on se fait censeur d'une intention qu'on ne respecte pas en prenant le temps de la connaître. 
Ta meilleure interprétation est la bonne et celle sur laquelle tu rebondis pour remettre la balle dans l'autre camp. 
Bien à vous

Bonsoir Arale-Senpai,

Je ne suis pas sûr de d'avoir tout compris ... Enfin bref, il n'y a pas d'agressivité dans mon poste, simplement une demande de clarification et une relance pour échanger.

J'ai bien compris!  
Et ce que je dis est simple, belle règle pour aller de l'avant, sans aucune agressivité ça va sans dire (=

Bonjour Georges.

Georges a écrit:Selon vous et si je comprends bien vos paroles, le Pelican serait l'Athanor vu en tant que four extérieur. Une autre facon de voir l'Athanor est de le voir en tant que matière qui possède sa propre chaleur, et donc peut cuire, de laquelle nous devons tirer nos productions.

Si on regarde la première gravure que j'ai posté, on vois qu'il ne peut s'agir d'un instrument extérieur. Le pélican étant déjà dans un globe...
Je ne suis pas sans savoir qu'un instrument de laboratoire se nomme pélican, mais c'est seulement par analogie de forme et surtout par ce concept d'autocirculation, que l'association est faite.

Ce que je trouvais intéressant dans les dires du comte, c'est l'idée d'extraire certaines productions de sa matière, nécessaire pour poursuivre l'Oeuvre.

Loup a écrit:le problême est qu'il n'y a pas eu de réponse sur l'origine de ce "sang" .....que certains pensent être de la "matière" ...erreur (pour ma part) ...

Je me demande si symboliquement, le sang ne représenterait pas le mercure philosophique.

Bonjour Georges,

Votre hypothèse d'interprétation est intéressante. (athanor = matière).
Tout est envisageable et sujet à expérimentation.

Même si une voie ou une interprétation ne nous convient pas, elle peut s'avérer ultérieurement intéressante sous un angle différent.

Pourquoi, selon vous, l'athanor serait forcément un feu extérieur ?

Bonsoir le comte de Saint-Germain,

Je conçois l'Athanor comme une espèce de chambre de sudation, comme un bain turc. La chaleur extérieure alimente le feu intérieur de la matière et lui permet d'évoluer. Il se peut que je comprenne mal les textes et les principes également.

amalesgath a écrit:

Loup a écrit:le problême est qu'il n'y a pas eu de réponse sur l'origine de ce "sang" .....que certains pensent être de la "matière" ...erreur (pour ma part) ...

Je me demande si symboliquement, le sang ne représenterait pas le mercure philosophique.

Je pense que oui Amalesgath, le pélican serait un Mercure blanc à l'extérieur et rouge à l'intérieur. Un Mercure pur demandant à être davantage digéré.

Exactement Georges, je suis entièrement d'accord. Bien dit !

Bonjour amalesgath,

Je découvre ce fil un peu ancien et il m'a interpellé car je méditais justement ces jours-ci sur le Pélican.
Je travaille en effet actuellement à une nouvelle métamorphose de ma matière qui doit aboutir à un athanor à deux étages dans mon ballon. Et en visualisant le résultat j'ai alors pensé au Pélican.
Cet athanor à deux étages, ce Pélican, fait suite aux Aigles, et on a alors dans le ballon, une matière rouge brun au fond qui ressemble à du sang, et une matière blanche au dessus.
L'analogie avec le Pélican, est que le rouge brun en question est issu du blanc.
Je posterai la photo de ce travail lorsqu'il sera terminé.

Bonjour fils du Dragon.

Je ne sais pas exactement quelle voie tu suis, mais les anciens sont unanimes pour écarter le mercure comme unique matière première de l'oeuvre.
Parce qu'il ne contient plus de soufre, parce qu'il ne forme pas de vitriol...
Bien sur, rien n'empêche qu'il soit utilisé en hors d’œuvre dans une préparation "chimique", dans le cas ou on ne possèderait pas la matière première, afin de pouvoir commencer malgré tout.

Partant de là, je pense qu'il est prudent de ne pas trop extrapoler les symboles alchimiques par rapport à une pratique, même si toute pratique de laboratoire bien menée est intéressantes pour appréhender de manière concrète les étapes du grand œuvre à condition de garder en tête qu'à partir du moment où l'on est sur de rien on reste dans une illustration.

Dans le cas du pélican, à mon sens, il est essentiel de rester dans la théorie, car un point de science fondamental est caché ici, je veux dire par là : le souffre rouge issus du blanc, comment il en est engendré , la circulation et la fixation, la multiplication.

Bonjour amalesgath,

amalesgath a écrit:Je ne sais pas exactement quelle voie tu suis, mais les anciens sont unanimes pour écarter le mercure comme unique matière première de l'oeuvre.
Parce qu'il ne contient plus de soufre, parce qu'il ne forme pas de vitriol...

J'ai indiqué œuvrer sur la voie du Cinabre.
Le manque de soufre du mercure Hg y est compensé par le soufre S.

Je ne comprends pas ta référence au vitriol.

amalesgath a écrit:je pense qu'il est prudent de ne pas trop extrapoler les symboles alchimiques par rapport à une pratique, même si toute pratique de laboratoire bien menée est intéressantes pour appréhender de manière concrète les étapes du grand œuvre à condition de garder en tête qu'à partir du moment où l'on est sur de rien on reste dans une illustration.

D'une certaine manière, je dirais que je m'appuie sur 3 piliers : la foi, la pratique, et l'étude.

- La foi parce que tant que l'on n'a pas produit soi-même la médecine universelle, l'Alchimie relève de la foi.
Dès lors que l'on a produit un résultat concret, on ne croit plus, on sait.
N'ayant pas moi-même produit ou vu la Pierre, je demeure à ce jour dans la foi.

- La pratique parce que « qui n’a pas encore erré n’a pas encore commencé, et les erreurs sont les maîtres qui enseignent ce que l’on doit faire ou non.»
Il faut pratiquer, faire et refaire. Observer les métamorphoses de la matière pour en comprendre les rouages.
Peu de gens le font.

- L'étude des textes parce qu'elle permet de structurer l’œuvre alchimique dans notre esprit, donner une orientation à nos travaux, et identifier les cohérences et les incohérences entre la pratique et l'étude.

amalesgath a écrit:Dans le cas du pélican, à mon sens, il est essentiel de rester dans la théorie, car un point de science fondamental est caché ici, je veux dire par là : le souffre rouge issus du blanc, comment il en est engendré , la circulation et la fixation, la multiplication.

Je n'ai aucune certitude amalesgath.
Lorsque je parle du Pélican, par exemple, je ne prétend nullement détenir quelque vérité que ce soit.
J'alimente simplement le débat de mes propres méditations, observations.
J'alterne dans mes méditations alchimiques, le discursif (la réflexion sur les textes) et le contemplatif (la visualisation, les images).
Ma vision du Pélican a ainsi évolué depuis mon message précédent pour le situer après l'obtention de la terre rouge des Aigles des Récréations Hermétiques.
Il m'apparait en effet désormais évident que le Pélican se rapporte au Mercure blanc qui tire la teinture rouge de la terre.
Si je rapporte cela à la pratique, en cohérence au texte des Récréations Hermétiques, je devrais alors plutôt avoir dans mon ballon une sorte d'athanor à 3 étages, avec au fond, une terre damnée dont j'ignore la couleur, au milieu, le mercure blanc, et au dessus, la teinture rouge.