Origine gravure

Bonsoir,

Je suis tombé (sans trop me faire mal) sur cette gravure lors de pérégrinations internétiques, sa ressemblance d'avec la gravure du supposé Matthäus Merian illustrant la première Clef de Basile Valentin, m'a sauté aux yeux.

La mise en scène étant très proche, avec ce creuset triangulaire (que je n'avais jamais retrouvé ailleurs), son loup bondissant, le vulcain à droite etc ...

Je n'ai absolument trouvé aucunes infos concernant cette gravure, ni noms d'auteurs, ni ouvrages associés.
On remarque le chiffre 13 en haut à gauche, on peut donc supposer qu'elle fasse partie d'un ensemble ...
Il ne me semble pas y reconnaître la main de Matthäus Merian dans l'exécution de cette gravure, on peut supputer qu'il y ait eu des inspirations, des reprises d'un graveur à l'autre, dans ce milieu de l'alchimie.

Si jamais vous la reconnaissez, je suis preneur d'infos.
Merci

C'est la Philosophia Reformata de Mylius

http://bnam.fr/IMG/pdf/PhiloRef.pdf

Haa, ça provient de chez Mylius !

Merci pour cet éclaircissement Arale.

Je ne connaissais pas. C'est vraiment la même iconographie compilée de différents traités.

Au sujet des creusets de forme triangulaire, ils sont assez courants en Allemagne. Les fameux creusets de Hesse en particulier dont j'ai vu passer une série d'exemplaires il y a quelques mois.
Ce ne sont pas les mêmes, mais ça ressemble un peu :


Les creusets de Hesse m'ont eu l'air d'être faits d'une sorte de grès rose moucheté, particulièrement lisses et compacts. Ils dataient du dix-huitième siècle, mais on aurait peut-être encore pu s'en servir.

Voici une description tirée du Journal des mines n°5 de 1796-1797 :

Pour les célèbres creusets de Hesse, on choisit l'argile la plus blanche et la plus exempte de mélange. Cette qualité se trouve dans la partie la plus basse de la couche ; on y ajoute, dans la proportion d'un tiers, un sable quartzeux blanc, qu'on retire d'un ruisseau voisin. Ce sable empêche l'argile de se gercer en séchant et de devenir trop compacte. Après avoir travaillé les creusets sur le tour, on les comprime de trois côtés pour les rendre triangulaires, après quoi on les cuit dans des fours de forme elliptique, qui en contiennent cinquante à cinquante-six mille. La fabrication des creusets occupe vingt deux ouvriers. Chacun d'eux en peut faire mille par jour.

(Extraits d'ouvrages étrangers, Notice des mines de la Hesse, tirée de divers auteurs Allemands)

Merci Draupnir pour ce complément,

Connaissons-nous la raison ou les raisons du choix pour cette forme triangulaire ?
Une meilleure tenue au feu ? Pour des raisons d'ordre pratique ?

Je n'en ai aucune idée pour ma part. Je suppose que ce n'est peut-être pas nécessairement une raison alchimique. Vingt-deux mille creusets par jour feraient beaucoup d'alchimistes malgré tout  Peut-être pour faciliter la prise et la coulée sans être obligé de réaliser un bec ? Je ne sais pas si ces creusets disposaient parfois d'un couvercle. Je n'en ai encore jamais vu de cette forme. En tous les cas, cette forme triangulaire me paraît certainement bien utile pour maintenir en place certains dispositifs...

Oui, je penchais davantage pour des raisons d'ordre pratique, c'est vrai que cette forme triangulaire permet d'éviter la confection d'un bec de coulée, et favorise certainement une meilleure prise, comme tu dis !

Bonjour
Les creusets de Hesse étaient réputés pour leur excellente tenue au feu (et aux sels ...).
Ces dernières années, des travaux universitaires ont été publiés concernant les propriétés de l'argile employée.
Il s'agit de mullite, dont on a pu redécouvrir le procédé d'élaboration.
Voici un lien vers un article à ce sujet. D'autres publications existent que je vous laisse chercher.
https://www.chemistryworld.com/news/scientists-crack-ancient-crucible-recipe/3003539.article

Par ailleurs, outre l'aspect pratique, la forme triangulaire des creusets permet de "jouer" avec le symbole triangulaire de l'Elément Feu. Les gravures anciennes en montrent de nombreux exemples.

Bien cordialement.

Pierre Stibia